Le Penjab, à Strasbourg, pour changer d'air.

De temps à autre, quand même la gastronomie de sa propre région, pourtant révérée toute l’année,  vous pèse sur l’esprit et l’estomac, il est salutaire de changer d’air. Ce fut notre cas il y a quelques semaines et, nous trouvant dans la capitale européenne, nous nous sommes alors laissé tenter par une cuisine plus métissée et une table bien connue des strasbourgeois.

Si vous cherchez de l’exotisme de bon ton, des épices vous chatouillant les papilles sans les brusquer outre mesure, vous êtes au bon endroit.

C’est surtout l’endroit pour partager à nouveaux quelques entrées avec toute votre tablée, nous on a choisi quelques assortiments de beignets. On en a apprécié quelques-uns aux oignons, aimables mais on a largement préféré ceux au fromage qui nous changeait déjà plus l’horizon. 

On goûta aussi la coconut soupe pour nous réchauffer et celle-ci remplit sérieusement son office: la soupe est épaisse, bien relevé, et au fond traîne quelques lamelles de poulet qui calme l’effet brûlant.

Mais on s’est surtout attardé sur les superbes Machili Pakora, des beignets de poissons, légers, avec un poisson blanc et tendre, cuit tout en légèreté.  Nous les testons avec l’une ou l’autre sauce, plus ou moins hot et on y revient avec une envie sans cesse plus chaude.

Nous éteignons notre soif croissante à grand coup de gewurztraminer gras et frais, un joli Josmeyer sur le millésime 2010 et, en attendant de remplir notre table de Tandoori, nous apprécions ce décor un peu (beaucoup) daté mais qui a le mérite de dépayser sans trop se la jouer ethnick’à’tout’prix.

On poursuit alors sur un autre gewurztraminer plus ample et plus simple, plus proche de son millésime 2009 qui ira mieux avec les plats plus marqués encore par les épices et la sauce yaourt.

Mais avant cela on ne pouvait pas revenir ici sans craquer pour quelques Nan au fromage et autre Paratha, ces pains indiens délicieux, qui, à eux seuls, nous projettent dans nos rêves d’évasion à l’autre bout du monde. Mais c’est les Tandoori qui nous amène aussi ici, même si on ne sait pas s’ils sont encore cuits dans le Tandoor - ces jarres de boues séchées - et ils se révéleront fort agréables à défaut d’être très fins.

Pour ma part, j’ai tenté l’assiette-maison, un mixed gril, servie avec un riz basmati au safran, le résultat est convaincant, même si le mélange d’épices, identique pour tout le plat, masque la différence entre les viandes. Le safran du riz se cherche un peu aussi mais le tout est vraiment agréable à manger. 

Pour mes chères accompagnatrices, ce fut le Gost Mughlai qui fut le plus apprécié, la recette étant sans doute une des plus aboutie de la maison. Le mélange de yaourt, de noix de cajou et d’amandes porte la viande d’agneau grillée-épicée, il tempère le début de bouche avant de rappeler sa vivacité dès la déglutition terminée. C’est plus mordant mais c’est ce que l’on est venu chercher ici et pour les plus timides, le riz basmati, très bien cuit, est là pour attendrir les effets nécessaires d’une cuisine correctement épicée.

Alors si cette table a changé de propriétaire il y a quelques années désormais, elle propose toujours une cuisine indienne de qualité, toujours pas forcément donnée mais c’est le prix de l’évasion à bon compte et c’est ainsi qu’on peut revenir avec plus d’appétit encore vers nos authentiques winstubs et fiers tables gastronomiques.