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vendredi 6 juillet 2012

La Cabro d'Or, on a tout mangé...

Vous me connaissez désormais, j'aime me sacrifier, je me suis donc grandement forcé à tout goûter, ou presque, dans ce restaurant mythique qu'est la Cabro d'Or, en bas des Baux-d'Provence.

En menu-dégust, à la carte, en room-service ou le ptit déj, j'ai rien laissé passer.
Même le menu-enfant a été pris, c'est la première photo que voici, ça pose déjà le niveau non ? cette assiette de "volaille et légumes frais", a le doux nom d'un plat "luxe-l'air de rien".

Sérieusement, pour une assiette-enfant c'est magnifique, la volaille est fondante, le jus gourmand et surtout les légumes sont terribles: quenelles de tomates confites, carottes lustrées, artichauts tournés, fèves, petits pois etc...en provenance du jardin plus bas et le tout cuit al dente, je ne vous raconte pas le sourrire béat de ma petite gastronome en culotte courte.

Le room-service aussi a été testé, avec des plats dignes de l'étoilé (avec les tarifs qui vont avec...gloups), servis sur la terrasse ou en chambre pour la discrétion assurée ou pour séquestrer son amour, c'est un bon plan !  Nous on s'est laissé aller avec un peu de fromages, une assiette de Jabugo et une quille de rosé...histoire de savoir !


On a aussi pris le petit-déjeuner, qui est somme toute assez classique, sans morceaux de bravoure hormis les confitures-maison  et l'assiette de fruits supra-frais. Le jus d'orange est bon aussi et les viennoiseries fraîches mais moins marquantes que je pensais.
Pour commencer une journée farniente, au milieux de ces paysages telluriques et des ondes magnifiques, c'est néanmoins pas mal du tout ! :-)


(comprendre les Baux et le Val d'Enfer, et l'amour que je leurs porte, c'est par ICI)

Mais déjà la nuit tombe et mon appétit grandit, alors goûtons une entrée et un plat de la carte du moment. Je commence alors par des "escargots rôties au condiment, oeuf frit en coque de pistache, velouté et asperge en beignet".
En voilà une entrée qui balance, le velouté d'asperge et la trame de pistache se marie bien ensemble, les cagouilles sont très gourmandes, d'une superbe cuisson, la mouillette a un sacré goût de reviens-y aussi. Tout ça servi avec un tempura d'asperge à tremper dans l'oeuf et dans le velouté...ça installe bien !


Surtout que le rouget, que l'on soupçonne de venir de l'Atlantique, se rattrape par une recette superbe. Le voici rôti à la plancha, fourré d'herbes fraîches et de condiments à la nissart.
Il est surtout escorté d'un pressé de rôti de cochon et de vieux Comté, style croque-monsieur++. L'accord est osé mais le rouget aime tellement la terre qu'elle le lui rend bien. Un travail sur le salé-salin, et sur une gourmandise terrible. Avec un rouge d'Hauvette on est bien...

On est bien et on attend le lendemain, avec le menu-dégustation autour de l'huile d'olive, dont je vous ai sélectionné les 4 meilleurs plats. Avec par exemple ce chaud-froid de langoustines d'abord, avec la pana cota de fenouil et légumes de fin de printemps et l'huile du Moulin St Michel.
Une belle entrée de saison, avec une pana cota un peu trop tremblotante pour être subtil mais qui, avec ces légumes frais, dévellope une belle fraîcheur vivace dont s'amusent les queues de langoustines servies tiède. 






Surtout qu'avec un Fonsalette blanc 2005 - qui a besoin de temps pour se développer - cela se fond agréablement. Mais là où il se fond complètement c'est sur le "Loup à la plancha, asperge du pays au lard de Bigorre, vinaigrette aux coquillages et huile du Château d'Estoublon".
Le vin, le plat, tout est fait pour ce moment: le loup a l'épaisseur du vin, les asperges au lard ne font qu'un avec sa tension-gourmande, les coquillages font ressortir la salinité et l'huile est proche de la texture du jus.
En voilà un mariage fabuleux pour en fêter un autre, bien plus beau encore.

Après ça on retombe d'un cran, même si cet agneau à la broche vaut aussi le déplacement, par sa tendresse d'abord, avec son crémeux d'ail doux (dans le cromesqui) mais surtout pour son jus aux tomates épicées au fond de l'assiette.
Ce jus est de ceux qu'on arrivera jamais à faire chez soit, extrait de bête et transparence d'une tomate bien présente, deux éléments mêlés et qui se distinguent, juste remonté aux épices et piment doux, une tuerie...
On pourrait croire que l'assiette est un peu pauvre, mais je peux vous certifier que vous n'aurez plus faim à la fin de ce menu, un peu too much même par ces chaleurs.



Vous trouverez néanmoins une petite place pour le "Blanc manger aux amandes douces et rhubarbe confite, fraises des bois marinés au jus réduit, crème glacée aux dragées à l'huile d'olive", car même moi qui n'aime pas trop les amandes, je m'en suis régalé. 

Il faut dire que les fraises des bois, quand on en recroise, on ne les loupe pas ! C'est toujours une madeleine qui vous ramène dans les forêts, il y a longtemps, quand on en trouvait encore ici ou là.

Voilà tout ce que l'on trouve de bon à la Cabro, de bon et de cher, ce genre d'endroit mythique est décidément à réserver aux grands événements à fêter, à pas trop nombreux si possible, pour ne pas être trop plomber par une addition démoniaque qui rend le moment moins délicieux.
Mais le pire, ou le meilleur c'est selon, c'est que face à de tels paysages, dans ces murs bénis par la Nature et l'Homme, on oublie vite le prix des (trop bonnes) choses...

2 commentaires:

Francis Vautrot, CPD chargé du numérique a dit…

Pour y être passé à plusieurs reprises, je confirme la très belle qualité de la cuisine de la Cabro d'or, ainsi que la magnificence du cadre au pied des Baux.
Citons quand même le chef étoilé (et un cousin par alliance...), Michel Hulin, qui a commis la plupart de ces douceurs.
A découvrir, le millefeuille d'aubergine caramélisée, mousseline au confit de fenouil, crème glacée au parfum d'épices et huile d'olive vanillée. Un dessert surprenant exprimant toute la créativité du chef.

Antoine MANTZER a dit…

Bienvenue sur ce blog épicurien Fabrice Vautrot, effectivement Michel Hulin fait du très bon travail, même si j'avoue que je pensai le menu "Huile d'Olive" plus marqué en goût...d'huile d'olive...

J'aurai bien dégusté directement l'huile dans une petite cuillère par exemple avec petit conseil de dégust du sommelier, pour mieux ressentir la différence entre les fruités noirs et verts par exemple, enfin je dis ça comme ça, en passant (si Mr Charial nous lit).

Mais bon vous avez bien compris que nous avons passé un superbe moment-épicurien dans ces murs et ces jardins et qu'il est de bien mauvais goût de se plaindre quand on passe deux jours dans ce paradis...c'est tellement beau, mais surtout il se dégage quelque chose d'autre, d'intangible de ces roches...c'est sûr !

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