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jeudi 19 avril 2012

Repas sur mesure, voyage immobile, Benaton-Jeunet-Bissoh

Organiser un repas où l’on prendrait l’entrée en s’attablant a Beaune, au Benaton, devant ce magnifique tableau en relief - reflet des grands terroirs alentours - le poursuivre à Arbois, chez Jean-Paul Jeunet, car décidément pour les viandes il n’y a pas grand-chose de mieux, et le finir, de retour dans la capitale (de cœur) bourguignonne, au Bissoh c’est possible, il suffit simplement d’avoir l’imagination branché sur les sensations.




Reprenons donc les chemins gourmands et ces voyages immobiles qui permettent de choisir le meilleur, partout-toujours, tout en s’affranchissant des contraintes de notre dimension.

On commence à Beaune, par ce restaurant un peu perdu et pourtant à deux pas du centre, pour un retour au Benaton après presque 5 ans d’absence. La bonne occasion d’enfin goûter ce plat-signature: « Tête de veau rôtie grosses langoustines frites au son de moutarde de Mr Fallot, bouillon mousseux gribiche ».





Rien à redire, on comprend mille fois pourquoi cette entrée ne bouge pas de la carte depuis toutes ces années, voilà enfin une belle entrée pour gourmand-gourmet, très justement calibré. 
Les langoustines sont très belles et totalement tatoué (plus que frit) au grain de moutarde, elles ont une mâche folle, la cuisson est légère, fabuleuse. La tête de veau est ultra-concentré, sans gras ni gélatine apparente mais tout en gardant son côté irrésistiblement gourmande. L’accord est canaille au possible et le lien se fait avec ce bouillon merveilleux pour qui aime la gribiche. Léger, prégnant, mousseux mais juste un peu, avec des éclats d’œufs et des brisures d’herbes, ce bouillon donne une dimension incisif et excitant (si besoin était d’en rajouté) à cette digne entrée signée Bruno Monnoir.

Mais déjà, il convient de s’échapper, faire quelques centaines de kilomètres en pensée, respirer l’air chargée de saine humidité dans les reculées.



Car c’est au cœur d’Arbois que nous attend un plat de toute beauté, où l’on retrouve un veau de lait, qui ne serait pas mort pour rien, magnifié en deux services
Le premier est fait de la selle, croûtée aux trompettes de la mort pour le plaisir, flanquée d’un jus concentré. La viande est plus rouge que blanche, elle est escortée à droite par quelques palets de polenta aux mêmes trompettes et à la coppa, à gauche par un cœur de sucrine, la première et unique fois que je trouve un réel intérêt à ce morceau de salade dont on nous rabat les papilles. Là le cœur est taillé, et longuement confit et cajolé aux jus de la bête, avec une tuile de feuille à l’huile de truffe…formidable ! 




Mais quand on pense avoir tout vécu, ce bon-diable jurassien de Jean-Paul Jeunet nous assène un deuxième service d’anthologie, comme une caresse aux goûts puissants et pourtant maitrisé. Un travail de fou sur les textures, avec un ris de veau et un peu de tête (du gras pur et fondant), panés pour rassurer, mais servis rosés. Cette gelée de tête est follement gourmande, à l’ultime limite du ‘’too much’’ mais elle est bien calmé par une purée très légèrement truffé. Bref un plat comme on rencontre (quasiment) jamais, sauf sur les bords de la Cuisance, dans cette bonne cité de Pasteur.

 Après ça, il est temps de redescendre sous terre, dans le semi-caveau de Bissoh à Beaune, pour plus de simplicité, avec un petit dessert que j’aime particulièrement, et que je n’avais jamais trouvé aussi bon. Cette crème de sésame noire et gelée de thé vert n’est pas visuelle, certes, mais en bouche mes amis, c’est passionnant. La texture est marquée dans le mou, la crème est tremblante, légère et pourtant sérieusement dosée. La gelée de thé  vert ne ressemble à rien mais elle balance ! 






Après cela on penserait s’écrouler devant les Hospices, en espérant que l’on vous recueille en vous grommelant le fameux « vous aimez bien tout ce qui est bon ?….c’est très mauvais ! », mais ce dessert est de  ceux qui vous remette instantanément sur les rails.




Il finit parfaitement ce diner fantasmé et ce petit séjour mental dans ma bibliothèque de  beaux souvenirs gastronomiques ; après cela il ne nous reste plus qu’à rêver de Jura, de Bourgogne, à ces grandes Terres et aux Hommes qui en tirent le meilleur...

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