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mercredi 2 février 2011

A la recherche de la truffe sauvage

Quand on aime la truffe noire, quand on en hume l’effluve depuis ses plus tendres années, il n’y a définitivement rien de mieux que d’aller la traquer aux confins de son écrin naturel.

L’exaltation de tous quand se rapproche le champignon tant désiré, l’exhalation de la terre, quand caveurs et chiens s’échinent à la retourner….voilà qui suffit déjà à nourrir le passionné.



« La melanosporum sauvage a disparu » nous assène souvent les dealers de truffes, que nenni, c’est surtout qu’elle est bien plus dure à trouver, et qu’il leurs sera toujours plus simple de les ramasser par poignées dans une trufficulture protégée, aux chênes plantés en rangs d’oignons, que d’arpenter toutes les semaines, ses 150 ha de vallons.

Alors il est vrai qu’avec la sauvage, dans les millésimes difficiles comme cette année, on fait quelques déçus. Cette année, notre appétit de diamants noirs n’est pas comblés, et il a été difficile de faire le tri, à peine sorties de terre, entre les jolies et les gelées-pourries, de séparer le bon grain de l’ivraie.



Mais une certaine forme de pureté est à ce prix.
La pureté du goût des choses vraies, avec la clarté de l’air du Ventoux qui nous vivifie ; la pureté d’un ciel immaculé, qui fait comme un décor de Théâtre ancien, sur lequel se découpent les vallons escarpés.

Avouons-le, cette année nous sommes assez déçus par la quantité, un peu moins par la qualité, et heureusement que l’extrême fraîcheur équilibre le tout.
Sorties de terre mercredi (et un peu dimanche et lundi dernier aussi, gel oblige), elles seront dégustées du jeudi au samedi. Dégustées en toute simplicité, comme elles leurs sied, râpées sur des pâtes ou du pain de campagne, ou mieux encore, en œufs brouillés.
Des œufs surveillés comme du bonheur sur le feu, cuit au bain-marie et tournés-tournés-tournés à la cuillère en bois, tout un régal en soit.



Un régal qui poursuit cet après-midi délicieuse, accompagné par le maître des lieux, un certain Mr S.B. et de ses chiens, qui veulent garder l’anonymat.
Un après-midi d’espoir quelque peu déçu et de joies partagées, un après-midi près de Malaucène où le chaud souffle le froid, et où l’on comprend mieux pourquoi.


Pourquoi ce simple produit de luxe est celui qui me transporte le plus ? pour sa dualité. Tellement recherché et pourtant à porté de main, tellement encadré et pourtant susceptible de péricliter à la moindre intempérie d’importance, la truffe est de loin mon luxe préféré.

Car nul besoin de gaver une oie jusque l'hallali pour celui-ci, ni de tuer le dernier grand thon-esturgeon-saumon sauvage.
Non ce produit de luxe est renouvelable, totalement, donc tellement dans l’air de notre temps.

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